vendredi 20 mai 2022

Le cercle des derniers libraires, de Sylvie Baron



Lorsqu'un meurtrier cible mystérieusement trois libraires, un jeune journaliste, pourtant spécialisé dans le sport, relève le défi et se lance à la recherche du meurtrier. Premier indice : les trois victimes appartenaient au "Cercle des derniers libraires". Qui se cache derrière cette association ? Qui lui en veut au point d'en supprimer les membres ? C'est bien ce qu'il compte découvrir !
Whodunit (contraction de Who (has) done it ? pour "Qui l'a fait ?") efficace, Le cercle des derniers libraires nous fait immédiatement penser à Agatha Christie et son ABC contre Poirot. Et c'est un pari réussi pour Sylvie Baron qui réussit à nous écrire tant une excellente intrigue qu'une "déclaration d'amour aux livres et à ceux qui la font vivre : les libraires."
Car l'autrice défend aussi intelligemment le métier de libraire et dévoile quelques facettes et secrets du métier qui sont les bienvenus.
Avec une intrigue ingénieuse mais totalement maîtrisée, implacablement écrite jusqu'à un final surprenant, l'autrice prouve qu'elle fait sans conteste partie des grandes dames de la littérature cosy crime dont elle dit s'inspirer.

mardi 29 août 2017

Les sables de l'Amargosa, de Claire Vaye Watkins


Dans une Californie apocalyptique devenue stérile suite à une terrible sécheresse, un couple de personnes, ayant perdu la moindre trace d'espoir dans ce désert de sable, retrouve le désir d'un avenir meilleur en la personne d'une mystérieuse fillette, et d'une rumeur selon laquelle une colonie, fondée par un sourcier gourou visionnaire, aurait trouvé de l'eau.

Road-trip dans une Amérique asséchée et désertée... la comparaison avec Cormac McCarthy semble évidente et facile. Pourtant, ce roman n'est pas un énième La Route, c'est tellement plus, et fort heureusement.
À la fois conte initiatique, roman post-apocalyptique et récit d'anticipation réaliste, cette fable audacieuse tire plus d'un "Mad Max" poétique et chimérique.

L'écriture prend à la gorge. Le style est puissant et totalement maîtrisé. Le récit fourmille de détails et propose des personnages originaux, charismatiques et tendrement attachants à leur manière
Le paysage dépeint est ultra-réaliste. Ne reste plus en Californie qu'une communauté vivant selon des règles anarchiques, montrant une société fragilisée, victime d'une crise sans précédant mettant en exergue les points faibles et les fêlures d'une Amérique fière.

Sur la forme, Les sables de l'Amargosa est tout simplement hallucinant. La structure est ambitieuse et le découpage l'est tout autant (on pense notamment à ce catalogue animalier qui apparaît subitement entre deux chapitres).

En bref, c'est une véritable secousse dans cette rentrée littéraire.


samedi 26 août 2017

Underground Railroad, de Colson Whitehead



Célèbre réseau clandestin qui permit aux esclaves de passer d'un Sud raciste à Nord libre et abolitionniste, l'"Underground Railroad" est un terme qui s'appliquait à tous ceux qui, de près ou de loin, avaient aidé des esclaves dans leur fuite. Mais Colson Whitehead, dans une prose talentueuse, maîtrisée et des plus originales, réussit le pari fou de matérialiser ce terme en un véritable réseau ferroviaire souterrain, symbole fantasmé d'un mouvement abstrait pour de très nombreux américains aujourd'hui encore.

À travers l'incroyable odyssée de Cora et Caesar, esclaves dans l'État de Géorgie traqués suite à leur fuite par un chasseur d'esclaves, Colson Whitehead nous convie à nous arrêter et explorer, par l'intermédiaire de cette voie ferrée fictive et des multiples protagonistes rencontrés, différents États, et nous invite ainsi à réfléchir sur les fondements et les mécaniques mêmes du racisme et de l'esclavagisme.

Roman pré-Sécessionniste puissant, Underground Railroad illustre le combat poignant de ces esclaves en fuite pour rejoindre les États abolitionnistes du Nord.
À l'instar de Salomon Northup (12 Years a slave) et Toni Morrison (Beloved), Colson Whitehead dépeint avec brio le fantôme d'une Amérique esclavagiste.

Et bien malheureusement, à l'heure où j'écris ces lignes, les récents événements américains de Charlottesville le rendent brûlant d'actualité et plus que jamais nécessaire.


samedi 15 juillet 2017

Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness



Au chevet de sa mère, atteinte du cancer, Conor fait un cauchemar récurrent.
Quelques minutes après minuit, l'immense if en face de sa fenêtre se transforme, passant de simple arbre à un monstre gigantesque qui apporte avec lui l'obscurité... et trois étranges histoires. 
Mais une entente est passée entre l'arbre et le jeune garçon, et une fois que le monstre aura conter ses trois récits à Conor, celui-ci devra lui raconter le quatrième, la vérité que la chose est venue chercher...

Quelques minutes après minuit, c'est l'alliance parfaitement réussie de trois facteurs. L'idée originale de Siobhan Dowd pour commencer, qui n'a malheureusement pas eu le temps d'achever son histoire, emportée par la maladie. Puis, la plume talentueuse de Patrick Ness, qui a alors pris le relais pour livrer ce conte poétique et poignant. Enfin, les illustrations de Jim Kay subliment totalement l'histoire et l'Imaginaire de ce récit.

Fable fantastique et onirique, A monster call (titre dans sa version originale), possède cette puissance émotionnelle sans pareille et bouleversante, dont on ne ressort pas indemne.

Plus qu'un coup de cœur, Quelques minutes après minuit est tout simplement la plus belle histoire qu'il m'ait été donnée de lire, rien que ça.

samedi 1 juillet 2017

Faralonn, de Fabien Saint-Val



Prenez part à « L’Éveil » en suivant le périple de Léa et Drarion, propulsés à la suite d’un tremblement de terre dans Sgathân, monde parallèle miroir au nôtre et empli de magie, qui était autrefois le leur.
Rattrapés par ce passé et ces facultés dont ils ne soupçonnaient pas l’existence, Léa et Drarion, accompagnés de Satine, leur guide dans ce monde qu’ils découvrent à nouveau, vont devoir accepter cette destinée hors du commun qu'est la leur, pour retrouver les quatre fragments du cœur d’Habask, seul moyen de rétablir l’ordre et l’harmonie dans les différents mondes.

Grâce à son aventure rythmée, parsemée de révélations, son univers merveilleux couplé à un bestiaire particulièrement original (avec des créatures fantastiques qui peuvent aussi bien provenir de la mythologie écossaise, scandinave ou Gaélique, que des légendes aztèques), et le talent narratif de Fabien Saint-Val, où chaque page est un nouveau rebondissement ou une nouvelle surprise, Faralonn possède indéniablement TOUS les ingrédients nécessaires à une excellente saga fantasy.


Une aventure fantastique dont les maîtres mots sont amitié, tolérance et solidarité.

mardi 16 mai 2017

S'accrocher aux étoiles, de Katie Khan


Le temps s’égraine, et Max et Carys n’ont plus que 90 minutes d’oxygène, perdus et dérivant dans l'espace comme deux grains de poussières dans l’univers infiniment noir. Accrochés l’un à l’autre, le couple de cosmonautes, en communication avec l’intelligence artificielle du vaisseau, va essayer de sauver leur vie, tout en se remémorant celle qu’ils laissent derrière eux.

Touchant et original, S’accrocher aux étoiles est ce genre de récit qu’on aimerait lire plus souvent, savant mélange entre deux genres pourtant différents, mais qui cohabitent ici à merveille.
L’univers SF/anticipation du récit est particulièrement bien travaillé et saisissant de réalisme grâce à son vocabulaire propre et une écrite contrôlée et maîtrisée. Dans ce monde où une Europe dont les pays perdent leurs noms propres au profit d’une pseudo-égalité et d’une productivité accrue, et où la vie de chaque individu est régie par des règles de vie et de travail, pour le bien commun et pour le meilleur des mondes, on pourrait croire une société utopique sur la forme, mais pas sur le fond, qui bride l’amour entre autres.
La construction, alternant passages de survie dans l’espace et flash-backs parfaitement amenés sur la rencontre entre Max et Carys, réussit à faire monter l’émotion crescendo.
Le quatrième de couverture place S’accrocher aux étoiles à mi-chemin entre Gravity et La La Land, et on a beau chercher d’autres comparaisons cinématographiques, c’est exactement ça.

90 minutes d’une intensité folle durant laquelle, nous autres lecteurs, sommes suspendus avec eux, retenons notre souffle avec eux, dansons en apesanteur avec eux.

mardi 2 mai 2017

Miroir Obscur, de Ivan Zinberg


Et de trois pour Ivan Zinberg, qui récidive après les excellents Jeu d'Ombres et Étoile Morte. Avec Miroir Obscur, il nous livre un page-turner original qui s'éloigne ici des constructions standards et habituelles du polar.
Original et différent car l'auteur prend ici le parti de mettre en scène non pas un inspecteur (même s'il est épaulé par une ex-flic) mais un paparazzo qui se voit impliqué, soupçonné même, et qui, de par son statut, va opérer des méthodes très différentes de ce qu'aurait fait un personnage issu du milieu.
Car notre photographe est prêt à tout pour se blanchir quand un serial-killer à la logique particulière qui décime des célébrités, jumeaux de surcroît, s'arrange pour le faire accuser en plaçant sa carte de visite près de la première victime. Dans un Los Angeles huppé, les médias se délectent et se déchaînent avec une telle affaire. Quel but poursuit ce tueur ? Pourquoi cible-t-il spécifiquement ce genre de personnes ? Et pour le paparazzo Michael Singer, la question est d'essayer de comprendre pourquoi il s'efforce à le faire accuser.
Avec une intrigue complexe mais totalement maîtrisée, implacablement écrite jusqu'à un final efficacement déroutant, l'auteur prouve qu'il fait sans conteste partie du renouveau du polar français, rien que ça !